Avant d’entamer la route vers l’Italie nous prenons soin de charger les stocks en fromage français… dont nous liquidons la moitié instantanément sur le parking, à peine sortis du supermarché, pour prendre des forces pour le voyage.
3h de route nous séparent entre Chamonix et Ceresole Reale, petit village italien offrant l’accès à la splendide vallée dell’Orco, si l’on passe par le couteux tunnel du Mont Blanc… ou bien 11h si l’on ne veut pas payer… bref, le choix est vite fait pour les 9 participants (seule Florence est restée pour pouvoir grimper plus longtemps à Cham).
Cédric étant plus rapide avec son Jumpy arrive bien largement en premier devant l’Iveco et nous découvre un très joli spot herbeux à coté du lac de Ceresole, où nous déployons le campement. Cette commune charmante et paisible est constituée de seulement 160 habitants !
Malheureusement dès le lendemain matin… vers midi :-D, l’agent de police municipal de ce charmant village nous fait savoir qu’il est interdit de camper à cet emplacement, en effet les tentes installées aux abords des camions sont assez visibles, voire complétement flagrantes. Soit ! Nous approuvons et désarmons le camp avant de nous diriger sur un secteur de couenne/fissure appelé « Pietra Filosofale » dont la photo sur le topo nous a alléché. Nous zigzaguons entre les jolies villas inhabitées pour trouver le spot et, surprise… ce n’est pas ce à quoi nous nous attendions. Il s’agit en réalité d’un énorme bloc posée au beau milieu d’une clairière d’une hauteur d’environs 10 mètres avec une seule fissure entourée de voies ultra dalleuses… re-soit ! Ce sera parfait pour l’après-midi déjà bien entamée.
Nous trouvons suite à cette épisodique escalade, un bien meilleur endroit où nous installer : Petite forêt, petite rivière à coté… au top pour démarrer une bonne session grillade, pétanque sportive, musique…. du pur Kife Ta Life, clôturée par un bon camembert au feu de bois, histoire de délecter nos amis argentins spécialistes de l’Asado (barbecue) mais qui ne possèdent pas, dans leur pays, de tels fromages odorants.
Il est temps de passer aux choses sérieuses. On se renseigne sur les bons secteurs à fissures et nous nous y rendons les jours suivants.
Sergent, Droide, Dado, Tramonto…
voilà des noms de secteurs très recommandables où nous avons égratigné nos mains suaves :
Nous voilà maintenant suffisamment rodés au style de grimpe pour nous accorder le droit d’entreprendre… les grandes voies. Mais 2 jours de pluies nous guettent d’après la météo. Nous organisons un bel « Asado » d’adieu pour Denise, Daniela et Veronica qui doivent prendre leur envol vers l’Argentine. Rejoints par Etienne et Olive, vieux amis grimpeurs français que nous avons croisés par hasard dans la vallée ces jours-ci, nous sommes presque prêts à lancer les braises lorsque surgit un dernier invité surprise : l’agent de police municipal ! Cela faisait longtemps que ne nous l’avions pas vu… Cette fois il est en civil, il rentrait apparemment du boulot lorsqu’il a du apercevoir le véhicule de nos amis qui dépassait légèrement du bosquet. Les retrouvailles ne l’enchantent guère et c’est alors qu’il nous demande , moins gentiment cette fois, de bien vouloir délaisser les lieux… il est 20h30 !…. Rhooooooo! Voilà bien 4 jours que nous vivions en parfait harmonie dans ce havre de paix dont nous prenions soin, mais il en est ainsi… Nous plions le « base camp » dans l’obscurité naissante et nous nous dirigeons vers un autre spot conseillé par Etienne et Olive.
Le changement de spot ne sera pas regrettable puisque tout aussi joli malgré la présence d’une vieille grue à l’abandon :
De manière générale à valle dell’Orco les falaises ne pas si impressionnantes, c’est un net contraste avec les aiguilles saillantes de Chamonix. Mais après une bonne marche d’approche, ici, l’escalade y est plus kiffante ! Les fissures partent dans tous les sens, divergent de toutes les tailles et forment au final un parcours à chaque fois inattendu mettant à l’épreuve le physique… mais surtout l’esprit !
Par le fait que l’on doit protéger nous-même avec des coinceurs lors de la progression, cela instaure un certain climat dans lequel on ne souhaite pas tomber… surtout que des fois on est pas vraiment sûr à 100% de la pose de nos coinceurs étant donné les formes hasardeuses que peuvent prendre les fissures… si toutefois il y a des fissures ! On se retrouve parfois obligé d’avancer sans pouvoir poser la moindre protection selon la morphologie de la roche… mais il faut avouer que cela stimule bien et pousse parfois à surpasser ses limites. Il s’établit néanmoins un certain « équilibre » entre la difficulté de la voie, le degré d’engagement, la capacité mentale et la capacité physique qui feront que l’ascension reste sécurisée. Par exemple, si c’est trop difficile et qu’on le sent pas, on met plein de coinceurs… assurant ainsi l’éventuelle chute ou au pire on pourra progresser en artificiel (on s’aide en tirant sur les coinceurs installés). A l’inverse si c’est facile et qu’on le sent bien, on peut se permettre d’espacer les protections. Tout cela forme une équation mathématico-chimique et rend l’escalade « Trad » sûre, voire même plus sûre que certaines voies équipées dont l’engagement abusé flanque parfois la diarrhée mentale.
La voie choisie pour demain se situe au secteur Caporal, c’est un assemblage de « Orecchio del Pachiderma » & « Rattle Snake ». 6 longueurs dans un niveau variant de 6a à 6c. Le soleil est au rendez-vous et nous fait suinter par nos pores tout le gras du barbecue de la veille.
Quelle journée ! Un succès que nous fêtons joyeusement à notre campement avec un bon apéro coutumier ! La grimpe nous a tellement plu que nous décidons de remettre le couvert le lendemain en partant cette fois à l’attaque de la voie du « Dièdre Nanchez« , voie un peu moins soutenue mais qui reste dans le 6a+/6b en moyenne.
Une grasse matinée, un petit déjeuner avalé, une bataille d’eau déclarée, l’équipe est en forme pour le départ. A part pour notre rugissante Katya qui décide de se reposer aujourd’hui afin de se remettre de ses émotions de la veille.
Ahhhh ! ben ça c’est fait ! Nous voilà bien rincés !
2 Jours consécutifs d’adrénaline… Notre exploration verticale a abouti et nous abordons maintenant une exploration horizontale autour d’une belle table de restaurant pour savourer de bonnes pizzas bien méritées
Voilà ce qu’on s’est mis !
Cela fait près de 10 jours que nous arborons la succulente vallée, il est temps pour nous de prendre le large. Il est évident que nous reviendrons un jour… cela ne fait aucun doute. Mais où aller maintenant ? Telle est la question… D’après nos amis croisés quelques jours auparavant, il serait question d’un gros festival dans le Verdon : « l’Endemik », où est prévu de se produire du bon son reggae/ska… Pourquoi pas? L’idée est de descendre doucement vers l’Espagne… Alors cela fera une bonne occasion pour faire la fête et pour découvrir la merveille qu’est le Verdon à Francisco, Juan et katya qui ne connaissent pas…
En route vers la fiesta in the Verdon !